MARTHA est un récit plus simple et organique. Mes précédents courts-métrages reposaient sur un twist final dans lequel la découverte de la vérité ouvrait un fossé permettant de reconsidérer l'intrigue du film. Ici, j'ai souhaité laisser de côté ce genre d'artifices scénaristiques pour me focaliser sur les personnages et décoder la vérité progressivement, avec eux et ce qu'ils vivent. Bien que l'on découvre Martha essentiellement à travers le regard de Maël, c'est elle qui guide le récit et qui en est le moteur : son impulsivité, son hyper- émotivité et son instabilité émotionnelle sont palpables et la rendent ambiguë. L'intérêt, à mon sens, ne se situe pas dans le fait de coller une étiquette sur Martha, mais bien de craindre constamment que cette violence contenue explose vraiment. Il s'agit ici davantage de créer une atmosphère angoissante pour le spectateur, avec des éléments d'ironie dramatique puisque nous percevons beaucoup plus le danger de la situation que ne peut le faire Maël du haut de ses 8 ans. En dévoilant peu à peu le passé des personnages par petites touches, on dévoile également les éléments qui conditionnent leurs rapports dans le présent de l'action.
Ce qui m'intéresse énormément est l’ambiguïté dans le traitement de Martha, c'est un personnage antagoniste de Maël, c'est d'elle que vient le danger et la tension, nous devons la craindre, mais en même temps elle reste un personnage humain, en quête d'amour filial. Nous devons avoir de l'empathie pour cette femme déchue dans son rôle de mère, qui tente maladroitement d'y remédier. En terme de mise en scène, cette ambivalence de Martha est un réel challenge, mettant en jeu des mécanismes complexes dans la direction d'acteurs et c'est le cœur de l'intérêt de ce projet.