Dancing

« J’aime les vieux. Si je fais le compte, Dancing est le troisième film que j’écris où le protagoniste est une personne âgée. Il y a eu Chemin du Passeur, un portrait documentaire de mon grand-père, puis Deux Fois Rien, l’histoire d’un pépé colombophile qui passe ses journées sur un banc public, à attendre que le temps passe. Je suis fascinée par ce que les vieux ont à raconter et parce qu’on ne les écoute pas.

L’envie de Dancing vient de là : faire de Suzanne et de ses copines octogénaires les héroïnes d’une comédie, leur donner la parole et raconter leur histoire. L’histoire de mémés un peu fantasques réjouies à la perspective d’un événement moins ordinaire dans leur semaine où, finalement, il ne se passe pas grand chose.

J’ai voulu faire de Suzanne et de ses copines –mes mamies de fiction–, des vieilles dames « à rebours » qui agiraient là où on ne les attend pas. Vieilles mais pas complètement larguées, mauvaises entre elles plutôt que de s’avouer qu’elles sont les unes pour les autres leur seule compagnie.

Alors, elles s’apprêtent, se font belles. Au salon de coiffure, leur lieu de rencontre hebdomadaire, elles se toisent les unes et les autres : c’est à celle qui aura le cavalier le plus dévoué, avec la plus grosse cylindrée ; elles se mettent au défi, se lancent des horreurs en pleine figure, en n’ayant de mots plus doux que pour leurs petits-enfants.

Des vieilles qui ne se l’avoueront pas mais qui partagent bien plus que leur solitude. »

Marguerite Didierjean